C’est une première mondiale : jamais le SailGP n’avait quitté la mer pour s’aventurer sur un lac d’eau douce. Le décor du week-end: le Léman, son jet d’eau, et une foule bien présente le long des quais.
Mais naviguer en eau douce n’a rien d’une promenade dominicale. Les marins le disent : c’est un autre monde, un autre défi.
⸻
Le F50 : Formule 1 sur l’eau
Pour comprendre l’ampleur du show, il faut regarder la machine. Le F50, c’est un catamaran futuriste de 15 mètres, pensé comme une Formule 1 flottante, avec des foils, sortes d’ailes sous-marines, qui permettent au bateau de voler.
Créé en 2018 par Larry Ellison (Oracle) et Russell Coutts (légende de la Coupe de l’America), le SailGP est devenu le laboratoire high-tech de la voile mondiale.
Fiche technique du F50
• Longueur : ~15 m
• Largeur : ~8,8 m (foils inclus)
• Hauteur de l’aile rigide : 18 à 24 m, jusqu’à 29 m selon conditions
• Poids : environ 2’400 kg
• Record de vitesse : 55 nœuds (101,98 km/h), établi par le Canada à San Francisco
⸻
L’équipage suisse : l’Eiger sur l’eau
Chaque équipe a le même bateau. La différence se joue donc sur l’équipage composé de cinq marins, dont une femme obligatoire par embarcation.
Le F50 suisse est surnommé l’Eiger et se compose comme ceci:
• Sébastien Schneiter, le pilote
• Arnaud Psarofaghis, maître de l’aile rigide
• Bryan Mettraux, contrôleur de vol
• Stewart Dodson & Matt Gotrel, grinders, forces brutes
• Maud Jayet, tacticienne, figure féminine de la voile helvétique
Tous ensemble, ils doivent rester sous la barre des 438 kilos. Ici, chaque kilo compte.
Suivant la météo, l’équipage peut jongler entre 4 à 6 marins.
⸻
Un format explosif
Des courses courtes (12 à 15 minutes), des départs millimétrés, des parcours en W ou en U : le SailGP a inventé le sprint nautique.
Le format est lisible même pour les novices : le premier qui coupe la ligne d’arrivée gagne des points.
⸻
Genève : quand le Léman décide
Le dimanche de course, les bateaux peinaient à décoller, freinés par un Léman sans souffle. Mais à mesure que la compétition avançait, le vent a fait son retour (même timidement). Les coques se sont envolées, les bateaux ont frôlé les 40 km/h, et la magie a opéré.
⸻
Les stars à Genève
• Peter Burling (NZL, Black Foils) : triple médaillé olympique et triple vainqueur de la Coupe de l’America,
• Arnaud Psarofaghis et Bryan Mettraux : piliers de l’équipe suisse, également engagés avec Alinghi Red Bull Racing en America’s Cup,
• Maud Jayet : tacticienne suisse, 4e aux JO de Paris 2024, symbole de la mixité en voile
⸻
Résultats : l’Allemagne s’impose
Après cinq régates qualificatives, la Suisse dominait le classement. Mais en régate finale, l’histoire a basculé :
1. Allemagne (GER)
2. Australie (AUS)
3. Suisse (SUI)
Ironie du sort : privés de course suite à une avarie, les Brésiliens ont suivi la deuxième journée de régates depuis la berge. Comme un clin d’œil cruel, la seule pilote du plateau était brésilienne.
⸻
Un parfum d’America’s Cup
Beaucoup avaient ressorti les vestes d’Alinghi. Mais sur les quais, le public allait bien au-delà des passionnés. Preuve que le SailGP, petite sœur spectaculaire de la Coupe de l’America, sait séduire même les curieux.
Prochaine étape : Cadix (ESP)
Gaël Chuard

Laisser un commentaire